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les quatre fils aymon

Ki resoignent à pandre .i. maleoit glouton.
Richart, je vos pandrai, par mon flori grenon. »

10095L’empereres de France s’en est en pié levés ;
De mal talent et d’ire est trestous tressués,
Et a dit as François : « Seignor, or m’escoutes.[1]
Ja fui je fius Pepin, issi com vos saves,
Et Bertain la roïne qui tant ot le vis cler.
10100Il fu mordris en France et a tort enherbés,
Et je chaciés de France dolans, eschaitivés.
En Espaigne en alai à Galafre sor mer.[2]
Illuec fui je forment dolans et esgarés,
Fors jetés de ma terre et de mon parenté.
10105Là fis je tant par armes que je fui adobés
Et conquis Galiene m’amie, o le vis cler ;[3]
Si laisa por m’amor .xv. rois coronés.
Li apostoles Miles m’aida à coroner.
Je ving en dolce France o mon riche barné,
10110Et si pris tos les sers qui furent el regné.
Je les fis tos ardoir et la poudre venter.
Adonc me fis en France, merci Deu, coroner,

  1. 10097 Pour ce résumé des Enfances de Charles, v. G. Paris, Histoire poétique de Ch., toutes les histoires de l’épopée française au moyen âge, et Romania, IV, l’article de G. Paris sur le Mainet.
  2. 10102 Galafre est le roi auprès duquel Charles se réfugie. Ces quelques vers me paraissent altérés. L’ordre lui-même est suspect. Je conjecturerai : à Galafre le fier.
  3. 10106 Le nom de Galienne que l’impératrice conservera dans toute la légende, dérive de celui que porte dans le Mainet la belle Sarrasine qui devient l’épouse de Charles, Orionde Galie. La fille de Galafre connaît les Arts, sait prédire l’avenir et consulte le ciel dans un miroir magique. Plus tard le nom de Galienne sera attribué à une fée dans Galien le Rhétoré. Peut-être le miroir que Galienne consulte pour connaître le passé et l’avenir, est-il l’origine du procédé que Marsile emploie dans l’Entrée de Spagne pour savoir de quel côté Charles va conduire son armée. V. Romania, IV, l’article de G. Paris sur le Mainet p. 311-312, et l’article de M. Rajna sur Ogier le Danois, p. 416. Ce nom d’Orionde serait-il la marque de l’application aux Enfances de Charles d’une variante des légendes germaniques sur Œrwandil et Orendel ? V. Simrock, Deutsche Mythologie, 4e édition, 245-247. — Galie serait-il né d’une mauvaise lecture d’une abréviation du nom de Galsuinte ? — M Galiane.