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les quatre fils aymon

4515Le cors ot biel et droit et ciere de baron ;
Plus ot fier le regart que lupars ne lion ;
Molt estoit bien formés et de bele façon.
Venus est au palais, si descent au peron ;
Les degrés est montés il et si compaignon ;
4520Ains ne fina d’esrer, si vint devant Charlon,
De Deu le salua ki sofri passion.
Charles [li][1] respont tost, n’i fist arestison.
« Amis, cil te garisse, ki vint à raençon.
Dont es tu, de quel [tere][2], et comment as tu non ? »
4525« Sire, dist li valles, Rollant m’apele on,
Et fui nés en Bretaigne, tot droit à Saint Fagon.
Fix sui vostre seror à la clere façon
Et li buen duc d’[Angiers][3] c’on apele Milon. »
Quant l’entent l’emperere, si dreça le menton ;
M 120 4530Il le prist par la mance de l’ermin peliçon,
.iiii. fois li baisa le boce et le menton.
« Bias niés, dist l’emperere, nos vos adoberon.[4]

  1. 4522 Ms. le. M li. B Et Kallez respondi.
  2. 4524 L que. M quel.
  3. 4528 Ms. Angiens. A Aingler. B Angleterre.
  4. 4532 Au bas du fol. 83 verso, b. du ms. C., l’on a écrit la note suivante : Le copiste a passé ici l’incident de l’arrivée de Roland, neveu de Charlemagne, et des offres qu’il fait à l’empereur de le venger de Renaud. Il est renvoyé à la laisse qui répond dans notre texte à : Charles, nostre emperere a appelé Naimlon, » mais qui dans C commence ainsi :

    Carles, li rois de France, ot le cuer moult irié
    Por Montauban le fort que Renaus a drecié ;
    Ses homes apela, dit lor a et noncié,
    Et il i sont venu sans point de detrier.

    En somme la laisse de C répond à la suivante : Karles, nostre emperere, ot le cuer forment lié. En effet, après les vers cités ci-dessus, on continue : Atant ez .i. mesage qui descendi à pié. Le message, l’offre de Roland, le récit de la guerre tiennent en 26 vers. Les cinq vers du petit discours de Roland,

    « Sire, droiz emperere molt vos voi esmaiez, »

    sont, sauf l’orthographe, conformes à notre texte, ce qui indique que la laisse sur l’arrivée de Roland a été volontairement et inexactement remplacée par les quatre vers cités. Les 50 premiers vers de la laisse suivante sont résumés ainsi :

    Escorfaus li païen est à Carlon livrez.
    « Biaus niés, ce dist li rois, vos [doi] merciz et grez. »
    Lors apela [N]aimon : « Biau sire, ça venez.
    Comment le fait mes niés, quant fu as Turs mellés ? »