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les quatre fils aymon

.vii. ans i furent puis, c’est fine vérité,
Que n’en oï parler Charles nostre avoé ;
Quant Guions d’Aubefort l’avoit au roi conté,
Qui vint de saint Romacle tot le chemin ferré.
1980Et Charles l’empereres ne s’est atapiné ;
Ains a mandé ses os d’environ et d’en lé,
Tant qu’il les aüna à Paris sa cité.
« Seignor, dist Charlemaignes, or oies mon pensé.
Je ai mes anemis en Ardane trové.
1985Nos en irons sor aus par vive poesté. »
Et cil ont respondu : « A la beneïçon Dé. »
Desi à Monloon ne se sunt aresté.

A Monloon fu Charles, l’emperere al vis fier,
Là fu l’es assemblée qui molt fist proisier.
1990Tantost con l’empereres vit le jor claroier,
Isnellement a fait sa gent apareillier,
Et furent tost trossé li mul et li somier.
Le jor fist l’avangarde dans Guis de[1] Montpellier ;
Derier les font conduire Simon le mesagier.[2]
1995Cil font par le rivage Renaut bien espier.[3]
L’emperere en apele le bon vasal Richier
Et Guion de Biaufort et le conte Renier,
Richart de Normendie et Naymon le Baivier.
« Baron, dist l’empereres, nobile chevalier,
2000Gardes que les Espaus ne vos chaille aproismier,[4]
Car fées i conversent, à celer nel voa quier.
[Assez tost i porrions ces .vii. ans tornoier,

  1. 1993 A, B, C, M, P Quens Guis.
  2. 1994 A B Devant L A Simon B Sanses.
  3. 1995 A qui enz es bois d’Ardanne ot Regnaut espié. Voir les textes à la description de A et de P.
  4. 2000 Espax que l’on a dans d’autres mss. n’est qu’une orthographe différente. Il faut remarquer ce court passage. La forêt des Ardennes, barrière impénétrable pour les Germains au point que le pays wallon lui doit d’avoir conservé un dialecte roman, à l’entrée orientale de laquelle Charles-Martel surprit à Amblève l’armée de Chilpéric et de Ragenfried, deviendra, grâce à l’élément merveilleux exprimé en ces quelques vers et à la popularité des Fils Aymon, le lieu poétique le plus célèbre. — J’ai introduit dans le texte, d’après