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Personne ne s’offre pour ce voyage périlleux, et sur l’avis de Naimes, on désigne Lohier, fils du roi.

Beuves est averti par un espion. Quand Lohier arrive à Aigremont, le duc est à table, au milieu de ses vassaux qu’il avait convoqués. La duchesse lui recommande de bien accueillir les messagers de Charles qui est son « sire lige » :

En apres Dame Dieu qui tot a a baillier.

Mais Beuves la renvoie à ses affaires :

Laiens a vos puceles, penses de chastoier ;
Penses de soie taindre, ce est vostre mestier.
Li miens mestier si est de l’espee d’acier.

Lohier, en présence du vassal rebelle, lui tient un discours insultant. Il menace Beuves de le tuer, et déjà il tirait l’épée, mais un de ses compagnons la fait rentrer dans le fourreau. Beuves répond avec une égale violence. Lohier lui rappelle ses devoirs de vassal, le meurtre d’Enguerrand, le menace de le traîner à Paris pour l’y faire juger et pendre. Le duc ordonne à ses chevaliers de saisir le messager :

Sa mort a apportée, ja n’aura raençon.

Après un combat acharné auquel prennent par les gens de la « cité », avec leurs haches et massues, les royaux ont le dessous. Lohier attaque Beuves, le renverse ; mais, relevé par ses hommes, le duc le frappe à son tour et le tue. Beuves ordonne aux royaux de quitter sa ville et de porter à l’empereur son vaillant fils Lohier :

Je n’ai d’autre treü que lui doie envoier

Savary lui répond que nul homme ne pourra le sauver de la mort. Les messagers repartent pour France ; sur tout le chemin on partage leur deuil. L’un d’eux prend les devants pour prévenir l’empereur. Celui-ci se désespère, mais Naimes l’encourage à aller à la rencontre des restes de son enfant. Charles pleure sur le corps de Lohier ; tous pleurent comme