Page:Castets - La Chanson des quatre fils Aymon, 1909.djvu/245

Cette page a été validée par deux contributeurs.
233
les quatre fils aymon

Et disoient aucun que l’ost estoit traye
Et que leur gent me[ï]smes leur faisait villenie.

F° 132. — Renaud n’en résistait pas moins. Berfuné se dirige vers l’enseigne de Renaud portée par Joseré. Il renverse le baron et l’enseigne tombe. Lambert la relève et prétend que son père est trop vieux pour la garder. Mais Josep réclame. Renaud les prie de se bien serrer autour de l’enseigne, car un Turc que personne ne peut voir, pourrait la couper. Joseré comprend alors ce qui lui est arrivé. On attaque les païens « a forche et a esploit ».

Le messager de Berfuné invite Danemont à secourir son maître. L’armée des Sarrasins est de soixante mille hommes formés en quatre batailles de quinze mille. Danemont mène la première. — La lutte avait continué et les pertes des païens étaient plus fortes que celles des chrétiens. Mais Berfuné prenait part au combat.

Maint en a abatu a le terre souvin,
En maint lieu les assault le fel par son engin.
Quant abatu avoit baron ou palazin,
Muchoit dessoubz se cappe le bon branc acherin
Et puis aloit aillieurs faire le sien couvin.
On ne le poet veïr en voie n’en quemin,
Dont no baron estoient et embrun et enclin.
Non pour quant [il] ferirent dessus le gent Jupin
Et les ont reculez a guise de mastin.

Berfuné ôte sa cape, crie que Danemont arrive et que Renaud sera vaincu. Quand les païens l’entendent, ils se rassemblent. Renaud tue un neveu de Berfuné. Celui-ci se cache sous sa cape, et frappe Renaud qui s’étend sur son cheval. Berfuné perce Hermin, le vaillant pongneour.

Le ber ne se gardoit du cop de l’amachour.
D’un estoc le fery au costé sans demour
Que tout oultre le corps a pris le branc son tour.
Le ber senty l’angoisse, s’en fist grande clamour,
A paines se retint, se perdy sa luour.

Renaud se désespère. Il voit alors l’armée de Danemont qui enveloppe les siens.