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les quatre fils aymon

Je le connois mont bien a sa targe florie
Qui est pointe de gueules et enmy par maistrie
Il a ung crucifis qui d’argent reflambie.
Et [si] voy la Blanchart qu’il conquist l’autre fie
A l’encontre Robastre qui tant a signourie,
Quant nous fusmes a Acre commenchier l’estornie,
Or nous gardons tres bien ou nous ferons folie,
Car point n’est cy venus tout ceul sans conpengnie.

Il demande conseil à ses hommes qui voudraient que l’on revînt en arrière. Mais il décide d’aller demander à Richier quelles sont ses intentions. La noblesse du roi d’Acre lui est une garantie. Il va vers Renaud. Quand celui-ci le voit venir, — Fo 89, verso. — il cesse de faucher l’herbe, monte en selle, saisit l’épieu, accolle l’écu et va éperonnant vers Malaquin qui s’arrête tremblant de peur. Renaud lui demande qui il est. Malaquin répond qu’il ne sait non plus qui il est, mais qu’il reconnaît les armes et le cheval du roi Richier et qu’il a grand tort de se risquer ainsi seul. Renaud lui déclare son projet de reconquérir le pays sur Robastre et sur son fils. Malaquin lui dit que l’entreprise est dangereuse et qu’il ferait mieux de s’en aller en arrière.

Fo 90, recto. — Renaud l’oblige à se charger d’un message pour Robastre. Il lui fait prêter serment « a la loy de Mahon ».

Sire, dist Malaquin, no nous y acordon.
Lors hurta a son dent pour l’or de Pré Noiron.

Dans le défi, Renaud se fait connaître, pour « le fils au viel Aymon ». Charles lui a donné tout ce pays ; il le conquerra seul, sans compagnon. — Malaquin va promptement à Jérusalem, au palais, pendant que Renaud reste sur le pré.

On revient aux comtes qui le suivent.

Oyez des .iiii. contes, chascun tant esploita
Qu’il issirent du bois si com Nonne sonna.
Il ont perchut Regnault qui de l’erbe faucha
Pour Blanchart le destrier qui foison en menga,
Il se sont enbuché, nulx ne les advisa,
Et regardent Regnault comment se maintendra.
5.Oiez de Malaquin qui ou palais entra.