Bien vous escouteray, veuillès le vray nunchier,
Comment la chose va, sans mensonge apliquier.
Sire, ce dist le moine, si me puist Dieu aidier,
L’autre nuit s’enbati un pelerin paumier
A la nostre abbaïe pour lui a herbergier,
Et si estoit monté sur un noble courssier.
Il demanda l’ostel pour Dieu le droiturier.
Nos abbes qui la est, s’i alla ottroyer
Et fist a son cheval un estable baller,
Puis enmena l’ermite en sa chambre mengier.
Quant vint a la minuist, il nous fist descouchier,
Si nous commanda [il] du che[va]l desvoier.
Je li priay assez de la chose laissier,
Mais oncquez ma prière n’i pot avoir mestier,
Ains s’alerent eux .V. vers l’estable adrechier
Pour le noble cheval d’ileucquez desloier.
Mais li chevaux s’ala envers yaulz courouchier
Et sacha trestout jus adonc son ratellier.
Je ne sai s’an le vout ne ferir ne touchier,
Mais les moinnes ala tellement festier
Qu’a l’un ala le col si doulcement sachier
Qu’il li ficha ses dens tout parmi le gosier
Et a l’autre en apres fist les costes partier ;
Et le tiers voult un bras hors du cors esrachier.
Le roi décide que l’abbé sera « reclus à perpétuité » et que le délateur lui succèdera dans sa fonction. — Fo 81, recto A. — Arrivent alors les bourgeois qui se plaignent des violences de Maugis et de Bayard. Le cheval en a tué ou blessé quatorze. Le roi se trouve embarrassé — Fo 81, recto B — et leur dit qu’il n’y peut rien. Ils s’en vont en maudissant le roi et sa lignée. Maugis revient des champs et explique au roi que les bourgeois l’avaient suivi se moquant de lui « huant et glatissant » et que Bayard reconnaît traîtres et felons et les châtie volontiers. Le roi rit et se contente de l’explication. Maugis pile en un mortier les herbes qu’il a cueillies, puis les détrempe,
Et en fait ung buvrage pour Regnault qui est la,
Une telle poison en fist et ordonna