Page:Castets - La Chanson des quatre fils Aymon, 1909.djvu/218

Cette page a été validée par deux contributeurs.
206
les quatre fils aymon

Et dist le bon Maugis : Dieu, par ta grant pitié,
Ayes mercy de moy par ta grande pœsté,
25.Car tous faudra mourir quant on a tout regné.
Ses barons apela par mont grant amité,
Il les paya tres bien et leur donna congié.
A Richier de Hurpois sa terre a commandé.

Il leur recommande les intérêts des frères de Renaud et part seul, il passe la Meuse et arrive à l’abbaye d’Andaine qu’il avait fondée jadis. L’abbesse était sa cousine, elle le « festia » bien, il lui raconte comment Renaud a sa paix et va outre-mer. Maugis laissera à sa cousine son destrier et ses armes :

A l’ostel (corr. autel) Sainte Beque mes corps les offerra.

Mais il se réserve de les reprendre, s’il en a besoin, en payant quatre besants d’or. L’abbesse consent.

Adonc devant l’autel Maugis s’agenouilla,
S’espée et son escu illeucques presenta
Et trestoutes ses armes. Le destrier n’oublia.
Un drap print d’un varllet dont il s’abitera.

Il refuse de dire à l’abbesse où il va.

Et vers le bois d’Ardenne le ber s’achemina.
Bien grant voye chemine, bien parfont s’i bouta.
La fist un hermitage ou Ihesu (Crist) servira,
Et prioit pour Regnault que loyalment amma.
5.Il bat souvent sa coulpe, pour ses pechiez plora,
Bien dist que hors du bois jamais il n’istera.
Un hermite tout ceul le baron encontra
Qui un sien compagnon celui jour enterra.
Maugis moult doulcement illuec le salua.
10.Ne say que vous feroie entendre sa ne la.
Au bon preudomme hermite Maugis se confessa,
(Mais) l’hermite ot tel paour quant son nom li nomma,
Que depuis qu’il fu nes si fort ne se chida,
Car Maugis fu crueulz qui bien le regarda.
15.Paour et li hermite en la forest fueillie
Pour Maugis qui li ot sa confesse gehie ;
Et quant il ot tout dist, que riens il n’y oublie,