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sur ma foi que nous ne savons rien de cela ; je vous promets que nous vous défendrons de toute notre force. Regnaut dit ensuite à Olivier : C’est maintenant que vous devez me rendre la courtoisie que je vous ai faite, lorsque mon cousin Maugis vous abattit aux plaines de Vaucouleurs ; vous savez qu’une courtoisie en demande une autre ; car, quand vous fûtes à terre, je vous rendis votre cheval et vous aidai à monter. Sire, dit Olivier, il est vrai ; je vous assure que je suis bien fâché de vous avoir trouvé ici et de ne pouvoir vous défendre. Cependant arriva Roland qui était venu après Olivier pour lui aider à prendre Regnault et son frère. Quant il fut arrivé auprès, il commença à crier : Regnault, vous êtes pris. Dès qu’il eut dit cela, il vint vers Oger qui l’avait suivi à grande course et qui lui dit : Certainement, Roland, sur ma foi, vous ne ferez aucun mal à Regnault, etc.

Si l’on eût regardé à cette version populaire, l’on eût remarqué qu’il y a une lacune dans le manuscrit. Pour ma part, j’en avais été averti autrement. Au manuscrit dont Michelant s’est servi, deux points placés en face d’un interligne et répondant à un manque de suite dans le récit, avaient attiré mon attention. Plus tard en copiant d’autres manuscrits, j’ai rencontré la partie de texte qui correspond à cette lacune. Mais si Michelant eût copié lui-même le texte qu’il imprimait, il eût été arrêté comme moi par les deux points, et il eût cherché dans le manuscrit 775 dont il use souvent, le complément de texte nécessaire. J’ai été, je l’avoue, très heureux de pouvoir rétablir la suite du récit à un endroit où la question d’honneur est posée dans des conditions toutes particulières. À partir du moment où Maugis a transporté Charlemagne à Montauban, la valeur de la narration s’affaiblit peu à peu, mais tout ce qui précède est précieux.

Voici, d’après le manuscrit 775, le passage qui manque au manuscrit La Vallière. Les crochets carrés marquent les deux points où la lacune commence et finit[1] :

Mich. p. 316E Diex ! chou dist Ogiers, si povre loiauté !
v° 37Sire, che dist dus Naymes, ja mar en parlerez.

  1. J’ai repris d’un peu plus haut et continué un peu plus loin. Au v. 15 le ms. a font. Les différences avec les autres manuscrits ne sont pas