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les quatre fils aymon

Des le tens Alixandre, le fort roi justicier[1],
Ne fu si bone oïe, bien le puis aficier.
Ce fu a une feste qui moult fet à prisier,
200.Que tienent cort ensemble li baron chevalier
Et roi et duc et conte et cil autre princier
Font harper jogleor, chanter et envoisier,
Que li rois Karlesmaignes qui tant fet a prisier
Tint a Paris sa cort ens el pales plenier.
205.Moult par fu granz la cort, si ot meint chevalier.
Et maint duc et maint conte et maint autre princier.
Tot einsi come Karles ert assiz au mengier,
Estes vos en la sale [errant] .I. mesagier,
Tot devant Karlemaigne se va agenoiller.

Manuscrit 775. Feuillet 12, recto A
(Mort de Bertelot. Combat. Les frères de Renaud dans la Chartre. Maugis les délivre. Les Fils Aymon vont à Dordonne, puis dans les Ardennes).

A Renaut se coureche Bertelos li hardis
Tant que il le clama fil a putain caitif.
Bertelot, dist Renaus, vous y avez menti.
Par le foi que je doi a trestous mez amis
5.E par le foi que doi a Diu de paradis,
Se vous ne fussiez niez Karlle de S. Denis,

  1. L’on a déjà vu ces vers dans le passage correspondant du ms. de l’Arsenal qui a été cité plus haut (v. 4). Ils ont fourni à la Bibliothèque bleue matière à des réflexions érudites : Jamais le grand Alexandre ne fut comparable aux quatre fils d’Aimon ; car l’histoire nous raconte que ce grand roi de Macédoine qui conquit tant de pays et gagna trente-trois batailles ayant à peine atteint l’âge de trente-trois ans, qui éclipsa les exploits de son père Philippe et même ceux d’Hercule son oncle, et qui mérita qu’on lui donnât ce bel éloge : Vinxit (sic) quod novit, il a vaincu tout ce qu’il a connu, c’est-à-dire qu’il laissa des marques de sa générosité partout où il passa. Mais sans nous écarter de notre histoire, ni choquer la gloire de ce grand roi, les quatre fils d’Aimon surpassèrent ses beaux faits.

    Après que Charlemagne les eut chassés de France, il se fit à Paris une assemblée de toute la noblesse du royaume ; il vint un messager qui s’étant mis à genoux devant le roi, etc.