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les quatre fils aymon

Ailleurs il est dit Richardin le menor[1], ou bien le valles[2].

Alard et Guichard, dans aucun épisode, n’attirent particulièrement l’attention. Au commencement de l’épisode des Ardennes, Guichard est indiqué comme l’auteur de la mort de Looïs, mais plus loin c’est à Richard que ce meurtre est imputé. Alard, dans la version du manuscrit 775, est mentionné comme s’étant réfugié auprès du roi Ys : de là daterait la guerre entre Charlemagne et les Gascons. Sous ces traces confuses on entrevoit les légendes de Chlodovig et de Merovig. Ni Alard, malgré son titre d’aîné, ni Guichard n’ont un rôle indépendant. L’intérêt va uniquement à Renaud et à Richard. Celui-ci, dans l’épisode des Ardennes, a l’honneur d’attaquer et d’enlever le convoi de Charlemagne. À partir de là, il n’est plus question de lui d’une manière particulière jusqu’à l’épisode de Vaucouleurs où il a un rôle héroïque. La légende carolingienne qui s’est mêlée aux souvenirs mérovingiens pour les Ardennes et pour les faits relatifs au roi Yon, avait fort altéré les éléments primitifs, les avait parfois remplacés, et si Richard est mis en relief dans les Ardennes plutôt que Guichard ou Alard, c’est grâce à des remaniements où l’on tenait compte de ce que dans la suite Richard se détache très brillamment de ses frères à noms consonnants.

À Vaucouleurs Richard, par son indomptable vaillance, dispute l’intérêt à Renaud lui-même. Puis vient le long épisode de sa captivité. Quand l’empereur le maltraite et veut lui infliger un supplice déshonorant, tout converge vers lui. Entre Charlemagne et ses Pairs s’élève un interminable conflit, où l’empereur, ni par ses menaces, ni par ses caresses, ne peut obtenir que l’un d’eux accepte de présider à l’exécution de Richard : tous se déclarent de sa parenté. À Montauban, on ne songe qu’au péril où est le prisonnier. Maugis se déguise en pèlerin, réussit à pénétrer dans la tente de Charles et à gagner sa confiance. De là, quand il sait ce qui se prépare, il court à Montauban, et ainsi l’on arrivera à temps pour sauver Richard du gibet. L’intérêt dramatique se soutient sans interruption jusqu’au moment où Richard, délivré et triomphant,

  1. P. 255, v. 22.
  2. P. 255, v. 37.