Page:Castets - La Chanson des quatre fils Aymon, 1909.djvu/102

Cette page a été validée par deux contributeurs.
90
les quatre fils aymon

Texte du manuscrit B :

Premerains a parlé uns damoisiaus gentis,
Niés fu le roy Yon et chevalier hardis.
Il a parlé en haut que ne se vaut taisir.
Ou que il voit le roy, si l’a a raison mis.
5.« Moult me merveil de vous, par le cors S. Denis,
Que vous queres conseil des fiex Aimon traïr.
Renaus est vos hons liges et vos carneus amis,
Vo seror li donastes o le cors seignori.
Aquitié a vos marches environ cest païs.
10.N’est encor pas li mois passés ne acomplis
Qu’il desconfit le roy Marcille de put lin
Et cacha .IIII. liues et tant que il l’ot pris,
Et nous en présenta le chief quant l’ot ochis.
Se vous aves talent que le veulliez fallir,
15.Congees les barons hors de vostre païs.
S’en iront en tel terre que bien porront garir
Et je vous pri, pour Dieu qui onques ne menti,
Qui fu mis en la crois au jour du Vendredi,
Que ne fachiez tel cose dont vous soiez honnis
20.Ne reprouvé vous soit a trestout vo païs.

Dans la version de l’Arsenal, on lit aux vers 8-13 :

Vo seror li donastes o le cors signoris,
Puis vous a volentiers et de bon gré servi.
Aquité(e) a les marchez environ le païs.
N’a mie encore .I. an passé et acompli
Que desconflit Marsile le cuvert de put lin
Et chaça .IIII. lieuez les plainz de Val Flori.
Il vous en présenta le chief, si com je vi[1].

Il n’est pas certain que ce seul passage ait fourni au remanieur néerlandais, les éléments nécessaires pour édifier l’épi-

  1. Matthes, dans son introduction au Renout van Montalbaen (p. XXVII), avait déjà appelé l’attention sur ce passage du ms. de l’Arsenal. Dans ses notes (p. 88), il cite encore une version en prose (V b. fo. 36 b.) : « Vous savez aussi ce qu’il a fait en votre païs et comme il a (n’a pas encore long tens) deconfit Marcille, le puissant Saracin, auquel il coupa la tête et vous la présenta ».