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appendice

magne en Gascogne, Montbendel pris de force et rasé, la délibération des conseillers du roy Ys, les préparatifs de la trahison. La captivité de Charlemagne à Montauban est conforme à A P. Puis B C ont une narration particulière jusqu’à la fin du duel judiciaire où C se sépare de toutes les autres formes du récit, tandis que B revient très près de L, ne s’en distinguant que par des différences de forme.

V, sauf pour le Beuves d’Aigremont qui lui est propre, concorde avec B C d’une manière générale, mais en se tenant plus près de L dans les parties communes avec cette version.

Des manuscrits d’Oxford, je dirai seulement que Douce commence comme A P M Metz et finit comme C, que Laud a un Beuves d’Aigremont distinct et finit comme A P N.

Le Maugis d’Aigremont a été connu et utilisé par tous les remanieurs, tandis que dans la version L il n’y en a d’autre trace que le v. 8170 : « Vivians d’ Aigremont fu mes prociens cousins ». Or ce vers a tout l’air d’une interpolation.

Mais l’on a dans L des passages où l’influence d’autres versions est reconnaissable : délibération des conseillers du roi Ys (v. 5887 sq.), récit de ses aventures fait par Renaud lui-même (v. 8610 sq.). Une foule d’indices autorisent à penser que des branches anciennes ont été perdues et que l’auteur du texte n’a rempli, qu’en désespoir de cause certaines des parties que d’abord, il avait laissées en blanc. L’épisode de Saforet dans les versions néerlandaises a tout l’air d’un reste du récit des guerres que Renaud soutint pour Ys « en Bascle et en Navarre » (v. 5942 sq. Cf. la délibération des conseillers du roi Ys dans cet Appendice), récit auquel aurait été substitué dans L celui que nous avons d’une guerre avec Bèges le Sarrasin. Il est à noter que L ne fait point d’allusion à cette guerre et que dans ce qui suit Ys est présenté comme ayant Toulouse pour capitale.

Les remanieurs néerlandais inventaient peu. À tel endroit où Mme Loke voit « se manifester une tendance littéraire », Renaud se lamentant et se plaignant de la roue de Fortune (op. l. p. 42-43), l’on n’a qu’un emprunt à B C. V. ci-dessus dans l’extrait de l’épisode des Ardennes, v. 29.

Au lieu d’opposer d’abord à L la version B C qui en est la plus éloignée, j’ai montré en une sorte de gradation les changements successivement apportés au texte le plus ancien. On peut suivre la marche inverse ou bien partir de A P qui est le centre des versions secondaires. Il reste à faire l’étude spéciale, au double point de vue de la langue et de la versification, des parties qui sont communes à L et aux autres versions, puis à essayer de formuler pour chacune des familles déterminées fa filiation exacte des versions qu’elles embrassent. Il semble bien que le trouvère, voulant rajeunir le sujet, se bornait souvent à emprunter à droite et à gauche, content de modifier en partie le Beuves d’Aigremont. Ainsi s’est constitué le groupe M, Metz, N, ainsi le ms. Douce commence comme A P et finit comme C, ainsi Laud modifie l’introduction et finit comme A P N.