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TRAITÉ DES HÉRÉTIQUES

« Que c’est d’un hérétique. »

Ce nom hérétique, est trouvé une fois seulement ès Saintes Écritures, en l’Épître de saint Paul envoyée à Tite, au 3e chap. « Évite l’homme hérétique après une ou deux admonestations, sachant qu’un tel homme est perverti, et pèche en sorte qu’il est condamné par soi-même. » Si nous conférons ce lieu avec le commandement de Christ, qui est en saint Mathieu 18e chap. : nous entendrons que c’est d’hérétique : « si ton frère pèche contre toi, va et le reprends entre toi et lui. S’il t’ouït, tu as gagné ton frère, mais s’il ne t’ouït, prends encore un ou deux avec toi, afin qu’en la bouche de deux ou de trois témoins, toute parole soit ferme. S’il ne les ouït, dis-le à l’Église. Que s’il n’ouït l’Église, il te soit comme un Ethnique, et publicain. » Par cela appert qu’un hérétique, c’est un homme qui est obstiné, lequel étant droitement admonesté n’obéit point ; car ce que saint Paul appelle hérétique, Christ dit : « s’il ne te veut ouïr, ni les autres. » Et ce que saint Paul dit : « Évite le » ; Christ dit : « Il te soit comme Ethnique et publicain. » Et autre part : « Secouez la poudre de vos pieds. » Et ce que saint Paul dit : que celui-là pèche tellement, qu’il est condamné par soi-même, c’est une même chose, que Christ ajoute incontinent : « Tout ce que vous lierez en terre, sera lié es cieux, » c’est à dire, que tous ceux là, lesquels vous aurez ainsi pour Ethniques, et publicains, le Seigneur Dieu les condamnera aussi comme Ethniques.

Deux sortes d’hérétiques.

Or il y a deux sortes d’hérétiques ou opiniâtres : les uns sont obstinés, et opiniâtres aux mœurs, comme les avaricieux, les moqueurs, luxurieux,