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TRAITÉ DES HÉRÉTIQUES

de bien connaître cette affaire, afin que tu puisses justement, et sans aucune iniquité régner, et présider sur tes sujets, et que tu viennes à persuader aux autres Princes voisins, et principalement au Roi de France, de faire la même chose, si par quelque moyen il se peut faire, que l’état de la République Chrétienne, lequel déjà par tant d’années a été si misérablement dissipé, puisse être restitué, en quelque tranquille état, et les peuples rappelés à pénitence, et amendement de vie, pour voir, si d’aventure le Seigneur voudra point détourner son ire, de laquelle il est tant enflambé contre le genre humain, et nous illuminer de la lumière de sa face.

Finablement j’ai été induit à t’envoyer ce livre, à cause qu’entre les sentences des autres auteurs, la sentence aussi de ton docteur Jean Brence y est insérée, laquelle tantôt après qu’il l’eût mise en lumière, incontinent fut diminué beaucoup de la cruauté des persécutions, comme j’entends, et beaucoup moins de gens depuis persécutés et mis à mort, tant de force a eu la sentence d’un seul homme de bon avis, encore en un temps si corrompu.

Or sus donc, Brence, poursuis outre, et persévère de plus en plus en cette bénignité chrétienne, comme tu as commencé. Certes tu as retenu et étanché beaucoup de sang, par ce tien petit livre, dont tu n’eusses su faire chose plus agréable à Christ, ni plus désagréable à Satan. Et plût à Dieu, que les autres eussent fait comme toi, et n’eussent point tant travaillé à épandre le sang