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TRAITÉ DES HÉRÉTIQUES

même crime par ceux qui n’entendent point l’affaire, afin que Christ soit crucifié entre les brigands.

L’autre danger est que celui qui est vraiment hérétique, ne soit plus gravement, ou autrement puni, que la discipline Chrétienne ne requiert. Pour ces causes j’ai recueilli et amassé en ce livre, les sentences de plusieurs, qui ont écrit de cette matière, afin qu’après avoir considéré diligemment leurs raisons, on ne pèche plus dorénavant si gravement en cet endroit.

Or j’ai premièrement recueilli les sentences d’aucuns Docteurs modernes, mêmement pour ce qu’ils allèguent les sentences des anciens, afin qu’en ces modernes, et nouveaux, tu aies en plusieurs endroits les sentences des uns et des autres. Et je l’ai fait aussi, pource qu’ils ont traité cet argument plus amplement, et plus diligemment, et l’ont mieux accomodé à notre temps, étant enseignés par celles mêmes persécutions. Les anciens écrivirent principalement contre les Gentils, desquels ils étaient persécutés, lors qu’on ensuivait encore Christ, et les Apôtres, lesquels n’avaient aucun persécuté, mais avaient été persécutés de tous. Mais après que les péchés et iniquités sont venues à croître, et que les Gentils ont cessé de persécuter les Chrétiens, les Chrétiens même se sont élevés contre les Chrétiens, pour les persécuter, principalement quand ils voient quelqu’un qui défend un peu constamment la vérité, afin que si d’aventure ils ne peuvent reprendre les mœurs de celui-là, ils puissent, par quelque art, calomnier sa doctrine, de laquelle le menu peuple ne peut pas ainsi juger comme des