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TRAITÉ DES HÉRÉTIQUES

dirait l’un, mais sur un chariot dirait l’autre. Tu as menti. Mais toi, tiens, tu auras ce coup de poing. Et toi, ce coup de poignard au travers du corps. Ô Prince, aurais-tu en estime tels citoyens ? Que serait-ce, si cependant quelques-uns d’entre eux faisaient leur devoir, suivant ton commandement de s’apprêter robes blanches, et que les autres pour cela vinssent à les affliger, ou mettre à mort ? Ne détruirais-tu pas malheureusement ces méchants-là ?

Mais que serait-ce encore, si ces homicides-là, disaient qu’ils auraient fait cela en ton nom, et par ton commandement ? Combien que tu l’eusses auparavant étroitement défendu. Ne jugerais-tu pas, que ce fait serait trop grief, et énorme, outrageux, et digne d’être puni sans miséricorde ? Or, je te prie, Très illustre Prince, d’entendre bénignement, pourquoi je dis ces choses.

Christ est Prince de ce monde, lequel se départant de la terre, a prédit aux hommes, qu’il viendrait à un jour, et heure incertaine : il a commandé qu’ils se préparassent robes blanches pour sa venue, c’est-à-dire, qu’ils vécussent ensemble chrétiennement, amiablement, et sans aucun débat ni contentions, s’entreaimant l’un l’autre. Or maintenant considérons, je te prie, comment nous faisons bien notre office.

Combien y en a-t-il, qui soient curieux de se préparer cette robe blanche ? Qui est celui qui s’efforce avec toute sollicitude de vivre en ce monde saintement, justement, et religieusement, attendant la venue du bienheureux Dieu ? On ne se