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TRAITÉ DES HÉRÉTIQUES

Christ, ont été mis à mort, sous couleur de faux Prophètes, blasphémateurs et hérétiques : qui est une chose, qui nous devrait amener une grande crainte et frayeur, quand il est question de persécuter aucun pour sa foi et sa religion, laquelle ne gît point en quelque cérémonie et chose indifférente, ni en quelque enseignement qui soit ambigu et douteux, (car celui qui persécuterait, pourrait aussi bien faillir que le persécuté) comme savoir comment c’est que l’on prend le corps et sang de Jesuchrist en la Cène : savoir si on la doit bailler aux petits enfants, attendu qu’on les baptise étant petits, ou s’il ne vaudrait pas mieux attendre qu’ils fussent grands et entendus, etc. Elle ne gît aussi pas en quelque point qui surmonte l’entendement de l’homme, et duquel n’avons expresses passages de l’Écriture, duquel on ne puisse douter. Comme, savoir comment c’est, que se doivent entendre ces trois personnes, à savoir le Père, le Fils, et le saint Esprit, ce nous doit être assez de croire, qu’il y a une seule essence divine ès trois personnes, sans beaucoup nous tourmenter, comment c’est qu’ils sont l’un avec l’autre : savoir comment est le corps de Christ au ciel, savoir si Dieu a créé les uns pour être damnés et les autres pour être sauvés, et comment il est descendu aux Enfers, et telles autres disputes, èsquelles on peut laisser abonder chacun en son sens, et attendre que le Seigneur le révèle, et se contenter quand il tient les principaux points de la vraie religion qui gisent à croire que le seul Dieu est la source de toute bonté, et que l’homme est condamné par la