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TRAITÉ DES HÉRÉTIQUES

monition. Puis étant excommunié, s’il persévère en sa mauvaise entreprise jusques à faire commotion et troubler tout, le bon Magistrat Chrétien le peut avertir, qu’il ait à ne plus troubler l’Église en enseignant ses hérésies et blasphèmes qui sont apertement contraires à la parole de Dieu, comme est la doctrine de ceux qui nient la création du monde, l’immortalité des âmes, la Résurrection, et aussi ceux qui disent que l’on n’a que faire de Magistrat, afin qu’ils puissent mieux troubler toutes les Républiques à leur fantaisie, sans être repris, et punis de leur mauvaise et effrénée nature, laquelle ne vit qu’en trouble et noise, à laquelle l’Esprit de Dieu est du tout contraire. Que s’ils persévèrent après de désobéir aux Princes et aux Magistrats, alors ils les pourront punir et châtier ; mais non jusques à les faire mourir, comme nous montre saint Augustin, principalement ceux qui tiennent qu’il y a un vrai Dieu, qui est la source de toute bonté, combien qu’ils faillent en l’intelligence de quelques passages de l’écriture et qu’ils soient comme enivrés en leur entendement. Mais bien le bon Magistrat se contentera de les punir par quelque amende d’argent, et telles autres semblables punitions ; puis en la fin s’ils persévèrent, de les bannir de leur pays, qui sera leur dernière punition. Que si d’aventure ils retournaient, ils les pourraient garder en quelque lieu, s’ils ne s’amendent. Voilà en partie, Prince, comment les Empereurs et Magistrats ont puni les hérétiques en la primitive Église, comme vous pourrez lire en ce présent Livre, tant utile et nécessaire en ces der-