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VII
PRÉFACE

notoire. La sortie de Castellion était si injuste et si violente que les ministres portèrent plainte contre lui et qu’il fut « démis du ministère, » ce qui signifie qu’il dut cesser ses prédications à Vandœuvres. Depuis plusieurs mois, il avait volontairement résigné ses fonctions de principal du Collège, et lorsqu’on lui eut trouvé un successeur, il quitta Genève en juillet 1544.

Très combatif, n’écoutant que son sentiment intérieur et personnel, disant tout ce qu’il pensait, sans s’inquiéter des contingences extérieures, Castellion manquait de patience et de pondération. Aussi Calvin le jugeait-il encombrant et compromettant dans Genève, où la réorganisation de l’Église se heurtait à de très grandes difficultés et à de très fortes oppositions.

Après avoir vainement cherché une situation dans l’enseignement, à Lausanne et à Neuchâtel, Castellion arriva au printemps 1545 à Bâle et trouva un emploi de correcteur d’imprimerie chez l’éditeur Oporin. En 1549 il perdit, à quelques mois de distance, sa femme et une fille, mais son veuvage ne fut pas de longue durée : il se remaria au bout de six mois. Il habitait, dans le faubourg Saint-Alban, une petite maison avec un jardin au bord du Rhin. Comme d’autres, il saisissait avec un harpon le bois flottant qui descendait le fleuve, ce qui donnera occasion à Calvin et à Bèze, de porter contre lui une méchante accusation, celle d’être un voleur de bois !

En 1551 paraît sa Bible latine, plus remarquable par la beauté de la forme que par l’exactitude de la traduction. Dans la préface à Édouard VI, d’Angleterre, il plaide pour la tolérance, pour le respect des consciences individuelles.