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des eſpeces d’arbres, & d’animaux, qui n’ont point eſté créées. Les longs voyages que le Roy Salomon faiſoit faire en la terre d’Ophir auec tant de temps, & tant de peine, nous monſtrent aſſez, qu’il ne deſaprouue pas, que l’homme trauerſe les vaſtes eſtenduës des Mers, pour auoir commerce auec des peuples, qui ſemblent eſtr ſous vn autre ciel, & hors de toute communication. Pourquoy doncques croirons-nous, que ce ſoit violer les loix de la nature, de ioindre les Mers pour faciliter le commerce, & pour auoir plus de moyen de nous secourir les vns les autres ? Que ſi les Princes qui vouloient faire vne iſle de tout le Peloponeſe, n’acheuerent pas le trauail qu’ils auoient commencé, c’eſt qu’ils en furent empeſchez par de guerres, & par de faſcheuſes affaires qui leur ſuruinrent. Car ceux qui craignoient que l’iſle d’Aegine ne fut ſumergée par l’ouuerture de l’iſthme, comme ſi l’eau, qui eſt dans le Golphe de Lepante, eſtoit plus haute que celle qui eſt dans le Golphe d’Aegine, faiſoient paroiſtre leur ignorance, puis que l’experience nous enſeigne que l’eau qui eſt en liberté, prend d’elle-meſme ſon niueau, & conſerue l’eſgalité de ſa ſurface, à cauſe de la fluidité de ſes parties. Et quand aux Rois d’Égypte ils n’executerent pas leur deſſein, d’autant que ceux qui vouloient faire le Canal au trauers du déſert, qui ſepare la Méditerranée d’auec la pointe de la Mer ronge, recognurent qu’il ſeroit impossible d’y en faire vn qui fut de durée, parce que le terrain n’eſtoit que du ſable mouuant, que le vent emportoit, qui combleroit dans vne nuit le trauail de pluſieurs années, & rendroit inutiles les foins, & la diligence de tous les ouuriers. Les autres qui vou-