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LES AMANTS

— Par Dionysos, voilà qui est bien, s’écria le poëte, en jetant sur son élève un regard affectueux. Aussi, tout à l’heure, jeune homme, t’emmènerai-je vider avec moi une coupe profonde de vin miellé, en l’honneur du printemps fleuri. Je pourrai alors, loin des oreilles indiscrètes et aussi des gens timides, inspirer à ton âme quelques ardeurs de liberté.

— Que dis-tu là ? répliqua Mélanippès, sur un ton ironique. Aurais-tu maintenant la prétention de nous enseigner le courage ?

— Je t’en féliciterais de tout mon cœur : car je me rappelais hier encore la pièce de vers si franche que tu m’as envoyée, le lendemain de cette fameuse bataille livrée contre les Athéniens, lorsque, dans l’ardeur de la mêlée, emporté par ta vaillance,