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LES AMANTS

s’amoncellent à l’horizon, la terre semble fumer sous l’ardeur d’une flamme intérieure ; l’atmosphère est lourde, surchauffée ; les feuilles des arbres restent immobiles. Dans le feuillage, l’oiseau se tait. Un sentiment d’angoisse oppresse tous les êtres. Les forces de la nature s’accumulent, prêtes à se déchaîner.

Ainsi le peuple de Mytilène sentait grandir sa fureur ; mais il se taisait, dans l’attente du premier coup de foudre qui soulèverait la tempête.

Tout à coup, sur la mer, en face de l’agora, retentissent des sons éclatants de trompette, auxquels répondent d’autres fanfares dans l’entourage du tyran. Un navire s’avance ; il est plein de soldats. Ceux-ci amènent du fort construit au milieu des