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meurtrissures, nous rendait bien plus sensibles au froid ; et nous passions les nuits entières, tout transis, sans pouvoir fermer l’œil.



Un autre sujet d’angoisse venait encore accroître l’horreur de ces heures éternelles qui formaient les longs anneaux de ces nuits sans fin : c’était la peur.

Au milieu de l’engourdissement et du sommeil agité qu’amenait enfin la prostration des forces de la nature, mille éblouissements, mille lumières fauves, mille fantômes grimaçants, aux yeux livides, et grinçant des dents, que l’excitation nerveuse, causée par la fièvre, élançait de mon cerveau en feu, me faisaient tressaillir sur ma couche glacée.

Et puis, cette invisible Jongleuse, attachée à nos pas comme un mauvais génie, dressait sans cesse son spectre de vampire devant mon imagination enflammée.