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Nuit où le firmament dépouillé de nuages,
De ce livre de feu rouvre toutes les pages !

L’harmonieux éther, dans ses vagues d’azur,
Enveloppe les monts d’un fluide plus pur ;
Leurs contours qu’il éteint, leurs cimes qu’il efface
Semblent nager dans l’air et trembler dans l’espace
Comme on voit jusqu’au fond d’une mer en repos
L’ombre de son rivage onduler sous les flots !
Sous ce jour sans rayon, plus serein qu’une aurore,
À l’œil contemplatif la terre semble éclore ;
Elle déroule au loin ses horizons divers
Où se joua la main qui sculpta l’univers !
Là, semblable à la vague, une colline ondule,
Là, le coteau poursuit le coteau qui recule,
Et le vallon voilé de verdoyants rideaux,
Se creuse comme un lit pour l’ombre et pour les eaux ;
Ici, s’étend la plaine, où, comme sur la grève,
La vague des épis s’abaisse et se relève ;
Là, pareil au serpent dont les nœuds sont rompus
Le fleuve, renouant ses flots interrompus,
Trace à son cours d’argent des méandres sans nombre,
Se perd sous la colline et reparaît dans l’ombre.