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ſommes venus à des mauvaiſes paroles, de ſorte qu’il m’a demandé la reſtitution de la ſomme : je lui ai répondu que j’en rabattrois les cent cinquante cequins que je lui avois payés : il devint furieux : il partit, et le lendemain il m’intima une extrajudiciaire exigeant la reſtitution de toute la ſomme. Un habile procureur prit ma défenſe, et ſut faire paſſer deux ans ſans qu’on parvienne à la ſentence : on m’a parlé d’un accommodement il y a trois mois, et je m’y ſuis refuſé ; et, craignant quelque violence, je me ſuis adreſſé à M. l’abbé Giuſt… qui me procura la permiſſion de M. le Duc de Mont… ambaſſadeur d’Eſpagne d’aller habiter ſur la liſte, où on eſt à l’abri de toute ſurpriſe. Je voulois bien rendre au comte Ser… ſon argent, mais je prétendois cent cequins que j’avois dépenſés pour le procès qu’il m’a intenté. Mon procureur fut chez moi il y a huit jours avec celui du comte, et je leur ai fait voir les deux cent cinquante cequins dans une bourſe que j’étois prêt à leur donner, et pas le ſou d’avantage. Ils ſont partis tous les deux mécontens.

Il y a trois jours que M. l’Abbé Giuſt… me fit dire que M. l’ambaſſadeur avoit trouvé