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tout ce qu’il y avoit : un caiſſon étoit rempli de beau papier, de cartons, de plumes d’oie non taillées, et de pelotons de ficelle. L’autre étoit cloué. Un morceau de marbre noir, poli, épais d’un pouce, long ſix, et large trois intéreſſa ma vue : je l’ai pris ſans aucun deſſein, et je l’ai placé ſous mes chemiſes dans le cachot.

Huit jours après le départ de ce garçon, Laurent me dit qu’il y avoit apparence que j’aurois un nouveau camarade. Cet homme qui à fond n’étoit qu’un bavard, commença à s’impatienter de ce que je ne lui faiſois jamais aucune queſtion : ſon devoir étoit de ne pas l’être ; et ne pouvant pas faire parade avec moi de ſa réſerve, car je ne me montrois curieux de rien, il s’imagina que je ne l’interrogeois jamais, parceque je ſuppoſois qu’il ne ſavoit rien : ſon amour-propre ſe trouva léſé, et pour me faire voir que je me trompois, il commença à jaſer non interrogé.

Il me dit qu’il croyoit que j’aurois ſouvent des nouvelles viſites, car les autres ſix cachots contenoient tous deux perſonnes qui n’étoient pas faites pour être envoyées aux quatre. Après une longue pauſe voyant que je ne lui demandois pas ce que c’étoit que