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que je lui déſigne le local. Ces priſons ſont poſitivement dans ce qu’on appelle le grenier du grand palais : ſon toit n’étant couvert ni d’ardoiſes, ni de briques, mais de plaques de plomb de trois pieds carrés, et épaiſſes d’une ligne donne le nom des plombs aux mêmes priſons. On ne peut y entrer que par les portes du palais, ou par le beau bâtiment des priſons, par où on m’a fait entrer en paſſant le pont qu’on nomme des ſoupirs, dont j’ai déjà parlé. On ne peut monter à ces priſons qu’en paſſant par la ſalle où les inquiſiteurs d’état s’aſſemblent : leur ſecrétaire en a ſeul la clef, que le gardien des plombs doit lui remettre d’abord que du grand matin il a fait ſon ſervice aux priſonniers. On le fait à la pointe du jour parceque plus tard les archers allant, et venant ſeroient trop vus dans un endroit qui eſt rempli de tous ceux qui ont à faire aux chefs du conſeil de dix qui ſiégent tous les matins dans la ſalle contigue appellée la buſſola, par où les archers doivent paſſer.

Ces priſons ſe trouvent diviſées ſous l’éminence des deux faces oppoſées du palais : trois ſont au couchant, dont la mienne étoit une, et quatre au levant. La goutière au