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jour de Septembre, puisque dans ce jour là les inquiſiteurs régnans finiſſoient leur année : ce qui me faiſoit croire que la choſe ſeroit ainſi étoit que je n’avois jamais vu perſonne ni juge, ni ſecrétaire qui fût venu pour m’examiner, pour me convaincre que j’avois mérité cette punition. Il me paroiſſoit que cela fût indiſpenſable, et qu’on n’avoit pu négliger ce devoir que parceque mes juges qui devoient ſavoir que je n’avois manqué en rien, n’avoient par conſéquent rien à me dire ; et qu’ainſi ne me tenant là que pour la forme, et en grace de leur réputation ils auroient ordonné ma délivrance à la fin de leur cours. Je me ſentois même en état de leur pardonner l’injure qu’ils m’avoient faite ; car, une fois qu’ils avoient commis la faute de me faire enfermer ils ne me devoient pas tenir moins de neuf à dix ſemaines ; car autrement ils auroient donné motif au monde de juger qu’ils s’étoient trompés, ou qu’ils ne m’avoient mis là qu’à cauſe de quelques fredaines incompétentes. J’étois donc ſûr de ſortir de-là tout au plus tard le premier d’Octobre, à moins qu’ils ne m’oubliaſſent, ce que je ne pouvois pas mettre en ligne de compte ; ou qu’ils ne me laiſſaſſent à l’arbitre