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trouverez rien de nouveau que l’hiſtoire, car pour ce qui regarde la morale, Socrate, Horace, Seneque, Boece, et pluſieurs autres ont tout dit : tout ce que nous pouvons faire encore ne conſiſte qu’en portraits ; et il n’eſt pas néceſſaire de poſſéder un grand génie pour en faire même de fort-jolis.

Vous devez me vouloir du bien, mon cher lecteur, car ſans nul autre intérêt que celui de vous amuſer, et ſûr de vous plaire je vous préſente une confeſſion. Si un écrit de cette eſpèce n’eſt pas ce qu’on appelle une véritable confeſſion il faut le jetter par la fenêtre, car un auteur qui ſe loue n’eſt pas digne d’être lu : je ſens dans moi-même le repentir, et l’humiliation ; et c’eſt tout ce qu’il faut pour que ma confeſſion ſoit parfaitte ; mais ne vous attendez pas à me trouver mépriſable : une confeſſion ſincère ne peut rendre mépriſable que celui qui l’eſt effectivement, et celui qui l’eſt eſt bien fou s’il la fait au public, dont tout homme ſage doit aſpirer à l’eſtime. Je ſuis donc certain que vous ne me mépriſerez pas. Je n’ai jamais commis des fautes que trompé par mon cœur, ou tyranniſé par une force abuſive d’eſprit, que l’âge ſeul a pu dompter ; et c’eſt aſſez