à Mantoue : il étoit particulierement recomandé au Cardinal
Galli. En nous disant une quantité d’histoires agréables il divertit
toute la compagnie, et lorsque nous sortimes de la maison de
l’ambassadeur je n’ai pas refusé de monter avec Manuzzi
dans sa voiture pour aller faire un tour de promenade jusqu’au
soir. Sur la brune il nous dit qu’il alloit nous presenter
chez une jolie personne ou nous souperions, et où il y
avoit une banque de Pharaon. La voiture s’arrette à une
maison à la place d’Espagne fort peu eloignée de la mienne
nous montons au second etage, et je me vois devant le
comte Medini, et sa maitresse dont le chevalier françois avoit
fait l’eloge, et que je trouve fort peu de chose. Medini me
fait un compliment d’ami, et remercie le françois de m’avoir
engagé à oublier le passé et à aller chez lui. Le françois
lui dit qu’il ne savoit rien de rien ; mais je fais tomber tout
cela, et je me mets me mettant à observer la compagnie qui tout doucement
s’assembloit.
Lorsque les pontes parurent à Medini assez nombreux, il s’assit à une grande table, il mit devant lui cinq à six cent ecus en or, et en billets, et il commença à tailler. Manuzzi perdit tout l’or qu’il avoit, Neuville gagna la moitié de la banque, et je n’ai pas joué. Apres souper Medini ayant demandé au françois sa revance, et Manuzzi me damanda cent cequins, et ou ce que j’avois si je n’avois pas d’argent la somme qu’il me demandoit. Je lui ai donné les cent cequins, qu’il perdit en moins d’une heure, et Neuville debanqua à vingt ou trente cequins près. Nous retournamens tous chez nous. Manuzzi logeoit chez la fille de Roland ma belle sœur.