Je fus honteux de pouvoir lui paroitre honteux, ne
m’imaginant pas d’ailleurs que ce qui est arrivé arriveroit.
Bettine assise sur mon lit poussa trop loin son zèle pour la
propreté ; et sa curiosité me causa une volupté qui
ne cessa que quand il elle se trouva dans l’impossibilité
de devenir plus grande. Me trouvant calme,
je me suis avisé de me reconnoitre pour coupable, et
je me suis cru en devoir de lui demander pardon.
Bettine qui ne s’y attendoit pas, après y avoir un peu
pensé, me dit d’un ton d’indulgence que toute la faute
étoit d’elle ; mais que cela ne lui arriveroit plus. Elle
me quitta ainsi m’abandonnant à mes reflexions.
Elles furent cruelles. Il me sembloit de l’avoir deshonorée ; d’avoir trahi la confiance de sa famille, d’avoir violé la loi de l’hospitalité, et d’avoir commis le plus grand des crimes, crime que je ne pouvois reparer que l’epousant, si cependant elle pourroit se résoudre à prendre pour mari un impudent comme moi indigne d’elle.
À la suite de ces reflexions vint la plus sombre tristesse, qui devenoit tous les jours plus forte, Bettine ayant tout à fait cessé de venir à mon lit. Dans les premiers huit jours ce parti qu’elle prit me parut juste, et ma tristesse en peu de jours encore seroit devenue amour parfait, si les proceders de cette fille vis à vis de Candiani n’eussent mis dans mon ame le