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mes vacances au congo

venir des Croisés aux notions les plus modernes et les plus démocratiques de l’apostolat.

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Dans cette grande abbaye, que complètent des étables, des champs et surtout des jardins merveilleux et où ateliers et chantiers voisinent avec les écoles dont s’occupent aussi les Sœurs Blanches, les noirs sont partout chez eux. Rien de touchant et de pittoresque à la fois comme le sans-gène, fait d’habitude et de confiance, avec lequel à toute heure du jour, grands et petits, hommes et femmes, circulent partout, et jusque sur la « barza » de la communauté, demandant qui un conseil, qui un remède. Celui-ci a des semences à appareiller, un autre a quelque outil à réparer, celui-là une plaie à panser ; car les Pères, qui doivent tout connaître, n’hésitent pas, dans ces régions perdues, à se faire médecins des corps comme des âmes, et chirurgiens au besoin. Voici un pauvre aveugle qui s’est installé confortablement, à la façon de saint Alexis, sous un escalier. Voici, assis au pied d’un oranger, deux jeunes moricauds qui répètent ensemble leurs leçons. Après une palabre qui ne manque pas de solennité, le chef indigène, grand ami de la mission, nous offre le « pombe » d’honneur sur la terrasse de sa demeure, qui commande la place du Marché. Mieux encore. Voici les œuvres sociales de cette chrétienté du type patriarcal. Les noirs ont formé, sous la direction des Pères, une caisse d’épargne, qui paie du 4.50 p. c. à ses adhérents. Elle compte 552 membres et possède une encaisse de 9,000 francs. Deux sociétés de secours mutuels, l’une pour les hommes, l’autre pour les femmes, sont en plein progrès, et ce sont les noirs eux-mê-