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mes vacances au congo

de tribu ou de village dont ils escomptent le concours, sauf à écarter les suspects et à soumettre les rebelles ; reconnaissons les héritiers authentiques de cette œuvre lointaine dont nous fûmes nous-mêmes les bénéficiaires et qui s’appelle d’un mot étymologiquement romain : « la colonisation ».

Ces analogies historiques éclatent ici à chaque pas. Mais nulle part elle ne m’ont frappé davantage qu’à étudier l’action de nos missionnaires. Nulle part, je ne les ai ressenties plus nettement que dans cette région du Tanganyka, où les Pères Blancs d’Afrique prodiguent les ressources de leur étonnante et émouvante activité.

Ne sommes-nous pas au temps où les premiers apôtres du Christianisme pénétraient peu-à-peu jusqu’aux recoins les moins accessibles de nos Pays-Bas d’aujourd’hui, où les saint Martin et les saint Willibrod reconnaissaient, au nom de la Foi nouvelle, des terres encore sauvages ou païennes ? Ne revivons-nous pas ici l’aurore de telle ou telle de nos cités aujourd’hui superbes ?

Rejetés tout à coup dans notre propre passé, ne comprenons-nous pas mieux la genèse de Bruxelles, née autour de cet îlot de la Senne où saint Géry avait fixé son ermitage ? N’assistons-nous pas à la fondation de Liège ? N’évoquons-nous pas saint Arnaud établissant son poste d’évangélisation, qui devait devenir la capitale des Flandres, dans cette grande plaine fertile

Où la Lys et l’Escaut
Joignent les gestes clairs et souples de leurs eaux

Autour de ces stations primitives se groupaient peu à peu les familles séduites par l’attrait de la religion révélée, toute de paix et de fraternité. On y instruisait les enfants. On y soignait les malades. On y recueillait