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végétations utiles ou nuisibles ; ces bêtes fauves qui sont à la fois pour les populations un constant motif de terreur et la réserve de leurs chasses alimentaires, souvent de leur commerce ; ces industries primitives et où se perçoit un certain instinct d’art (armes, poteries, tissus, instruments de musique et de toilette) ; ces tribus adonnées au fétichisme et à toutes sortes de superstitions et qui, suivant leurs mœurs respectives, — gens de la montagne ou de la plaine, gens de la forêt ou du fleuve, — offrent une résistance plus ou moins obstinée, voire hostile, aux progrès de la civilisation : n’est-ce pas, dans ses principaux aspects, le pays des Nerviens, des Aduatiques, des Eburons, des Ménapiens, au temps de César et de ses successeurs, au temps des préfets et des apôtres venus soit de Rome, soit des régions de la Gaule déjà conquises à l’influence romaine ?

Certes, la comparaison pèche par plus d’un côté. Notre amour-propre accepte mal une assimilation entre nos lointains aïeux et les noirs, qui ne paraissent pas susceptibles, à quelques exceptions près, d’atteindre jamais un degré de culture comparable à celui dont s’enorgueillit l’Européen du xxe siècle. Acceptons cette nuance. Mais ne nions pas les analogies. Reconnaissons dans ces vaillants officiers belges qui sont venus, il y a quelque trente ans, explorer et pacifier ces territoires sauvages, dans ces fonctionnaires, ingénieurs et administrateurs qui ont délimité et organisé les provinces et les districts, qui ont créé et créent chaque jour ces voies de transport, ces centres d’activité et d’échanges commerciaux, qui habituent les indigènes au travail régulier, à l’usage de la monnaie, au payement de l’impôt en argent, qui accordent l’investiture à tel chef