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mes vacances au congo

l’arrivée des blancs secourables. Tandis qu’il s’anime, ses épouses, — il en a une vingtaine, — apparaissent une à une aux portes, à la fois curieuses et timides. Mais il les a entrevues, — et déjà elles s’éclipsent. Dans un coin de la salle du trône, nous avisons une bicyclette. Aussitôt le bon Mafenge, ravi d’exhiber ses talents, enfourche la bécane et se livre, devant son peuple émerveillé, à quelques savants virages parmi les papayers et les plants d’ananas qui dessinent un petit jardin devant son palais. Nous admirons ensuite des fillettes qui filent à la quenouille et quelques négrillons, sérieux comme des augures, qui apprennent à lire dans des bibles en Kiswahili distribuées par quelque mission protestante du voisinage.

Maintenant c’est l’heure des présents. La générosité de Mafenge joint l’utile à l’agréable. À côté d’un beau quartier d’antilope et de quelques canards dont le bec disparaît sous des turgescences écarlates, voici des peaux de léopards et de loutres ; voici un petit rhinocéros d’ivoire sculpté, d’une naïveté exquise, et des fruits de toute forme et de toute couleur. Que répondre à de telles attentions, sinon fouiller ses malles pour y découvrir tout ce qui est susceptible de flatter le goût d’un roi Mulengo et de l’ex-favorite d’un marchand de bois d’ébène ? Celle-ci sera sensible, nous l’espérons, au don de quelques belles images et de quelques boîtes de caramels. Quant à Mafenge, ses grosses lippes s’ouvrent de joie à la vue des babioles destinées à reconnaître tant bien que mal sa propre munificence ; mais rien ne l’intéresse davantage qu’un bel insigne de je ne sais quel congrès international de la paix et de l’arbitrage tenu avant la guerre et découvert dans mes pacotilles. Je renonce d’ailleurs à lui en expliquer le sens et l’uti-