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mes vacances au congo

des et diaphanes. Pour un peu, on se croirait au Moerdyk, par un joli matin de printemps, entre les îlots du Biesbosch. Puis, le fleuve se rétrécit brusquement et les rives reprennent leur vêtement touffu. Et voici, l’heure d’après, que nous entrons dans les lacs et les marais du Lupemba et du Kisale. Ils forment, dans une dépression géologique que dessinent encore les montagnes s’écartant de plus en plus, un ancien « graben » très semblable à celui du Bahr el Ghazal sur le haut Nil. À plusieurs lieues de distance, l’œil ne découvre qu’une mer de papyrus aux tignasses vertes ou mordorées. De-ci de-là, dans la perspective d’un canal ouvert entre les herbes, apparaît une sorte de petit village lacustre : les noirs y vivent bien plus dans l’eau ou sur leurs pirogues que sous leurs pauvres huttes. Un ancien officier a établi à proximité de ces marais, à Nyonga, des pêcheries importantes et déjà en pleine prospérité. Quelques factoreries assises au bord du fleuve contribuent, elles aussi, à ramener un peu de vie dans ces régions qui furent naguère dépeuplées par l’horrible maladie du sommeil. Voici, à Kamukisi, un camp militaire où se forment au métier des armes en même temps qu’aux rudiments primaires nos beaux soldats de bronze, — chacune des quatre provinces du Congo ayant ainsi son camp d’instruction et son camp de troupes formées.

Notre merveilleux réseau fluvial, dont on aurait tort, d’ailleurs, de sous-évaluer l’importance dans les destinées de notre colonie, aurait besoin — pour que son utilité ne fut plus à la merci d’un accident saisonnier, — de quelques travaux de dragage, voire de rectification. En attendant qu’il y soit procédé, notre flottille du haut-fleuve a fort à faire, et on ne peut qu’admirer l’ingéniosité