ses écoles, ses dépendances, ses jardins d’ananas, de papayes et d’oranges, dignes de la Terre de Chanaan, laisse au visiteur une impression délicieuse de paix et de prospérité.
Mais de toutes les impressions, celle qui est la plus vive et la plus réconfortante, c’est de se sentir ici en pays belge. Je redoutais un peu — pourquoi ne pas le dire ? — les conséquences de cette pénétration économique par le Sud, à laquelle le Katanga restera naturellement trop exposé, aussi longtemps du moins que l’achèvement du chemin de fer qui le reliera au Congo Moyen et au Bas Congo, via Bukama ou Sankisha jusqu’à Nebo, n’assurera pas entre les diverses parties de notre colonie une solidarité plus étroite, dont l’impérieuse nécessité est aujourd’hui reconnue par tous. Le Katanga paie annuellement plus de 30 millions de francs de frais de transport aux chemins de fer rhodésiens. C’est dans l’Afrique australe que les exploitations industrielles ont recruté tout d’abord nombre d’ingénieurs et de contremaîtres, et c’est de là qu’elles ont fait venir et font venir encore beaucoup de leurs travailleurs noirs. Soit que le Katanga fût plus proche pour eux, soit qu’ils eussent plus de confiance que nous-mêmes en ses merveilleuses destinées, les étrangers ont été plus prompts que les Belges à s’implanter dans la région d’Elisabethville. De là quelque inquiétude d’ordre national. La langue anglaise, la monnaie anglaise n’allaient-elles pas peu à peu l’emporter ? Que cette inquiétude ait eu quelque raison d’être, cela n’est pas douteux. Qu’elle doive demeurer pour nous un exci-