Page:Carton de Wiart - Mes vacances au Congo, 1923.djvu/74

Cette page a été validée par deux contributeurs.

58
mes vacances au congo

déplacés et améliorés — ce qui ne tardera guère, — cette cité-jardin constituera un ensemble colonial bien supérieur à Buluwago et à Livingstone, pour ne citer que les deux principales villes de Rhodésie, qui sont de loin ses aînées.

La surprise n’est pas moins agréable de constater combien la vie telle qu’elle est organisée ici s’enveloppe d’une atmosphère de sociabilité, de confort et de bon ton. Voici, — pour les loisirs de l’après-midi dominicale, — un match de foot-ball entre deux équipes de la ville. Le match a lieu dans une grande plaine aménagée à cet effet par la Compagnie du Chemin de fer du Katanga. C’est parfait d’esprit sportif, aussi bien de la part de la foule, blanche et noire, que de la part des joueurs. Voici un défilé de soldats, à la démarche souple et vraiment martiale, et, en tête de la compagnie, une musique digne des musiques militaires de chez nous. Voici, au Cercle Albert-Elisabeth, une soirée qui réunit autour de M. Rutten, le sympathique et très expérimenté gouverneur, deux cents ou deux cent cinquante personnes : administrateurs, ingénieurs, commerçants, officiers, fonctionnaires, — beaucoup accompagnés de leur femme : on y découvre une élite, composée de gens qui ont vraiment la conscience, le dessein et la fierté de participer à une grande œuvre. Créer autour de soi, dans des cadres nouveaux, de la vie et de la richesse, transformer la brousse, qui était insalubre et désolée, en exploitations minières, en prairies d’élevage, en champs de culture, habituer au travail et à une vie plus humaine de pauvres noirs dépourvus de tout, on conçoit aisément que de tels objectifs