et de grandes hachures à la plume. Ces pierres sont teintées de jaune, de vert, de rouge, comme les Dolomites et les Montagnes rocheuses. Sous le grand soleil d’Afrique, ces teintes imprévues éclatent en une fanfare continue, avec l’accompagnement d’une végétation que la saison actuelle fait mi-printanière et mi-automnale. Un peu partout, se dressent ces étranges euphorbes qui brandissent vers le ciel leurs bras raides en une sorte de grand candélabre symétrique, aux arêtes nettes et coupantes.
Quelque chose du passé s’évoque aussi au spectacle des ruines de Khami, qui sont à peu près semblables à celles de Zimbabwe, de Mombo, de Tati et tant d’autres, disséminées en Afrique australe. Les Rhodésiens en sont très fiers. Volontiers il les font remonter aux Phéniciens et même à la reine de Saba. Il faut en rabattre, et M. Jules Leclercq, dans une communication faite cette année même à l’Académie royale de Belgique, leur attribue une antiquité plus modeste. Il semble bien que ces grands enclos de pierres presque entièrement écroulées aient été construits par des trafiquants arabes ou portugais, qui s’en servaient à la fois comme de fortifications et de greniers, et qui — de l’un à l’autre de ces postes avancés — se tenaient en communication avec la côte. Plus tard, des missionnaires y ont aussi établi leurs centres. Il n’en demeure guère que des restes de remparts d’une architecture rudimentaire et qui servent à alimenter les controverses et les polémiques des archéologues.
Beaucoup plus intéressantes, à mon sens, sont les pierres gravées par une tribu indigène à peu près disparue, les Bushmen. Ces gravures, teintées de rouge, dont on découvre quelques spécimens dans cette région,