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MES VACANCES AU CONGO

gés par des contrats d’une durée d’un an et logés et nourris pendant ce terme, dans les " compounds " — sortes de campements à peu près rudimentaires.

Dans les autres industries, pour les besoins de l’agriculture, pour les services du commerce et les besognes domestiques, il en va à peu près de même. Mais nulle part, le nègre n’est admis, quelles que soient ses aptitudes, à faire un travail " skilled " ou à exercer un métier qualifié. Ce genre de main-d’œuvre est réservé aux blancs. Ceux-ci sont très jaloux de ne point tolérer l’emploi du " black people " dans les professions rémunératrices, et le parti socialiste sud-africain est particulièrement attentif à assurer le respect de cette distinction entre les deux races. Et c’est sans doute à cette séparation profonde, peu conforme au dogme de l’égalité, que doit être attribué, pour une bonne part, l’échec de la grave insurrection bolcheviste qui éclata dans le « Rand » en mars dernier. En vain les meneurs de la révolte cherchèrent-ils à s’assurer, à ce moment, le concours des « native ». Ceux-ci, bien loin de suivre les excitateurs, entrèrent en conflit avec eux.

Ouvriers blancs et ouvriers noirs vivent ici d’une vie parallèle, les premiers à très gros salaires, les seconds à deux shillings par jour. Entre eux se dresse, avec sa rigueur inexorable, la " colour bar " qui sera sans doute — pour cette région du monde, — un des problèmes sociaux les plus compliqués à résoudre.

Ces ouvriers noirs sont de bons ouvriers, Je les ai vus travailler dans des exploitations à ciel ouvert de la « Premier Diamond’s Mines » qui ressemblent à un immense cratère de volcan. Je les ai vus travailler sous terre, dans les mines de " Deep City " qui