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mes vacances au congo

l’île et l’école professionnelle, où de petites élèves, au teint couleur chocolat, s’initient à l’art délicat de la dentelle. Sainte-Hélène, — quoi qu’on fasse — c’est, pour l’histoire de tous les siècles, le souvenir du plus cruel revers couronnant l’excès de la plus soudaine puissance et rendant à la fois plus humaine et plus morale, au sens éducatif de ce mot, une carrière qui eût, à cette infortune près, laissé aux générations l’illusion du passage de quelque demi-dieu.

* * *

Un coup de cloche, en guise de salut, et ce steamer s’éloigne, côtoyant un moment l’île, et creusant dans la mer à peine ondulée un large sillon dont les ourlets prolongés s’on vont là-bas mousser au pied des hautes falaises noires.

À la fin de l’après-midi, les sports coutumiers reprennent sur le pont du navire. Rien ne contribue plus à créer l’esprit de sociabilité entre les passagers que ces jeux variés organisés au cours de ces longues traversées dont ils corrigent la monotonie. Les Anglais y excellent et le programme en est délibéré par eux avec prudence et réflexion comme s’il s’agissait de quelque affaire d’État, et son exécution se poursuit avec autant de méthode que d’entrain.

Dans un ouvrage justement fameux, Emerson a écrit : « Chaque Anglais est une île. » Il me semble que c’est trop rigoureux. C’est bien plutôt une presqu’île qu’il faudrait dire Pour rattacher au reste du monde l’exclusivisme relatif et instinctif de la plupart des Anglais, il est un isthme qu’il suffit de découvrir : c’est leur sport favori. Le « continental » qui a découvert cette liaison et qui