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mes vacances au congo

fontaine limpide, un enclos circulaire entouré de quelques grands arbres servit de tombe à Napoléon, jusqu’au jour où Louis-Philippe envoya à Sainte-Hélène un de ses fils avec mission de conduire à Paris les restes de l’Empereur. Au centre de l’enclos, une grille protège encore une grande dalle sans nom ni date. Rien n’anime cette solitude, sinon le souffle du vent dans la haute ramure des pins et le bruissement de la source qui s’encadre de mousse et de fougères et dont le cours est marqué par des touffes de grandes fleurs d’arums roulées en cornets et qui ressemblent à des lys. Dans ce site recueilli et vraiment solennel, une seule inscription, — et à peine visible : c’est un petit écriteau en fer cloué au tronc d’un des arbres et qui porte les lignes que voici :

Expédition en Chine 1860-1862

La frégate « Le Fort » à la mémoire du
premier empereur,

le 30 août 1862.

Un buste, — et cette simple plaque de quelques pouces carrés, — c’est tout ce qui, officiellement, parle de Lui dans cette île perdue au sein de l’océan. Et cependant, toute l’île est pleine de son souvenir et ne vaut que par lui. Et les rares voyageurs qui y débarquent s’intéressent médiocrement à savoir que de nombreux prisonniers de guerre y furent à leur tour relégués lors de la campagne du Transvaal et pendant la grande guerre dont nous ne faisons que de sortir. C’est en vain que des lazzaroni empressés s’offrent à leur montrer le parc et les quatre églises de la petite ville et les hangars où se prépare une sorte de chanvre dont la culture se développe de plus en plus dans