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mes vacances au congo

bravos, tandis que de nombreux mouchoirs essuyaient des larmes furtives.

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On souhaiterait que ce triste décor de Longwood fût moins dénudé : il suffirait d’y remettre en place les quelques meubles et objets d’art qui le garnissaient au temps de « l’autre » et qui ont été transportés à la résidence du gouverneur de l’île.

Autant cette dernière retraite de l’Aigle est muette et froide avec ses murs et ses planchers nus, autant son berceau d’Ajaccio, est demeuré vivant et éloquent. Dès qu’on franchit là-bas le seuil de la petite maison patricienne, perdue dans un quartier de ruelles, mais à laquelle le recul d’une « piazzetta » donne un peu d’air et d’allure, on revit sans effort l’existence de la famille Bonaparte et les péripéties qu’elle traversa au temps de Paoli. On y a conservé, — ou reconstitué plutôt, s’il faut en croire des historiens véridiques, — la modeste ornementation de la salle des fêtes, avec ses quelques bougeoirs accrochés en girandoles devant de pauvres miroirs dédorés dont les glaces ternies semblent refléter des visages d’autrefois. Au-delà, voici la chambre de Mme Letitia avec la chaise à porteurs qui ramena la femme de l’avocat corse de l’église Saint-Ferdinand lorsqu’elle se sentit prise des douleurs de l’enfantement et voici le canapé, aux crins échevelés, sur lequel Napoléon vit le jour. Quelques souvenirs, quelques écrits ont été pieusement rassemblés dans ce cadre émouvant, et, pour que la couleur locale y soit plus complète, les honneurs sont faits aux visiteurs par un vieux