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mes vacances au congo

offrant qui leurs broderies, qui leurs perroquets, qui leurs singes et leurs bijoux de pacotille, nous sautons à bord d’un canot automobile qui fend l’eau comme une flèche. Beaucoup de bâtiments dans la rade : voici deux navires allemands, un hollandais, un norvégien, puis quelques cargos de Bilbao ou de Ténériffe. Ah ! quand viendra le jour où, à toutes ces escales, le pavillon belge se fera familier ! Du port où nous débarquons, une « tartane » vermoulue nous conduit à la ville, qui n’est distante que de trois kilomètres.

Des bambins aux dents blanches et aux yeux noirs dans des visages d’un teint café au lait nous font escorte, enveloppés d’un nuage de poussière que soulève leur galopade et nous chantant, de toute la force de leurs petits poumons, des airs de bienvenue. Dans le chaud soleil qui la baigne maintenant, la ville mêle d’agréables visions et parfums d’Orient et d’Espagne. Une rivière la traverse, mais une rivière que la saison a rendue « extra-dry » et à laquelle on ferait volontiers l’aumône d’un verre d’eau pour la rafraîchir. Beaucoup de palmiers et de bananiers et, par-dessus les vieilles murailles des deux rives, d’adorables écroulements de géraniums et de bougainvillées en masses touffues. La cathédrale a belle allure. Sous le portique, des mendiants pittoresques étalant fièrement leurs difformités et des polissons en loques jouant gravement aux osselets. Des duègnes et des señoritas qui entrent à l’église, enveloppées de leurs mantilles. Un important chanoine, en camail, coiffé d’un bonnet à houppette verte, qui s’arrête sur le seuil pour échanger quelques propos avec un vieil hidalgo monté