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mes vacances au congo

Plus haut vers le Nord, c’est la Gambie anglaise, puis le Sénégal et l’arrêt classique à Dakar, port animé, ville prospère et non sans élégance, où la colonisation française révèle sa singulière emprise sur les indigènes. Spectacle amusant et instructif à la fois de ces noirs mi-civilisés, bons citoyens et bons soldats de la République, très à l’aise dans cette sorte de préfecture africaine où les modes parisiennes voisinent avec les amples gandourahs de toile bleue des trafiquants de Mauritanie et avec les burnous des fils du Désert qui passent sur leurs chameaux efflanqués.

À ce point précis, la proximité de l’Europe se fait sentir. Encore deux ou trois jours de navigation, le soleil apaisera ses ardeurs. Les casques et les vêtements blancs disparaissent

* * *

Ténérife est à peine africaine. C’est plutôt un coin de l’Espagne andalouse, avec d’admirables vues de terre et de mer, sous un climat exquis. De loin, le pic de Téide se dévoile dans l’aube nacrée. Le port de Santa-Cruz, où nous débarquons de bonne heure, est déjà tout animé de trafic. La petite capitale des Canaries s’éveille à la voix claire de ses campaniles. Mais dans les faubourgs, les cottages qui s’accrochent aux flancs de la montagne, prolongent encore leur sommeil, sous leur robe d’oléandres, de clématites et de liserons. L’île, que nous parcourons en auto, nous révèle, en une randonnée de quelques heures, ses richesses et ses beautés. San Cristofo de la Laguna, Tacoronte, Orotava datent des premières années de la conquête sur les Guanches. Dans des rues étroites et sombres, la surprise est grande de découvrir de superbes maisons patriciennes, aux hau-