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mes vacances au congo

minant les tentations d’un nouveau terme ?

On dit que jusqu’à trente kilomètres des côtes, le grand fleuve qui ne veut pas se laisser oublier, prolonge en mer le courant des 80,000 mètres cubes d’eau qu’il déverse à chaque seconde dans l’Océan. Mais ce courant va plus loin encore qu’on ne le croit, et beaucoup de ceux qu’il a portés en subissent encore toute leur vie la force nostalgique…

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Ces paquebots bi-mensuels de notre compagnie maritime sont d’ailleurs d’excellents traits d’union entre la colonie et la métropole. On y est à la fois en Belgique et au Congo. L’ambiance y est bien de chez nous : matelots et stewards y cultivent les savoureux accents de Flandre ou de Wallonie. La bonhomie et la preudhomie, qui sont parmi nos vertus nationales, y dégagent ce parfum de cordialité et de franchise qui valent tous les snobismes du monde. Le confort n’y a rien de guindé ou d’artificiel. Leur table et leur cave éveillent la juste admiration des étrangers, moins exigeants que les Belges ès-choses gastronomiques.

En même temps, on y baigne dans le prolongement continu des problèmes coloniaux. Ces vingt jours de traversée réunissent, en une utile rencontre, des fonctionnaires, des magistrats, de nombreux agents des sociétés industrielles et des compagnies commerciales, des missionnaires, des officiers, des planteurs, voire de simples touristes. Voici, en marge de ce groupe principal, quelques Anglais venus de l’Est ou de l’Uganda. Voici des médecins militaires français retour du Darfour. Aux hommes de l’équipage se mêlent des nègres de types divers. Et il n’est pas jusqu’aux singes et aux perroquets, em-