Un autre aspect du problème politique naît de l’infiltration arabe qui tend à se développer dans notre Province Orientale et au Katanga. Assurément, l’action de l’Islamisme, qui rayonne depuis des siècles jusqu’au centre de l’Afrique, ne se manifeste plus aujourd’hui tel qu’aux temps tragiques de l’esclavagisme. Mais elle offre d’autres périls. « L’Arabe, écrit le colonel Liebrechts, un de nos coloniaux les plus autorisés, est doux d’approche. Au fond, il est cruel et dangereux. Il ne crée pas. » L’influence de l’Islam peut d’ailleurs masquer d’autres influences. Je n’ai pas été peu surpris de découvrir, dans des factoreries étrangères établies le long du fleuve, des collections de chromolithographies publiées en Allemagne et vendues à vil prix aux indigènes. Elles reproduisaient, en même temps que le croissant, l’étendard du Prophète et des vues d’Orient, les portraits des derniers héros de l’Islam, depuis Enver jusqu’à Talaat. La question des langues intervient ici une fois de plus. En effet, la diffusion très rapide du Kiswahili, qui est l’idiome de la côte orientale et qui est parlé par tous les arabisés, favorise la création d’un lien commun entre nos noirs d’Afrique et les musulmans de Zanzibar et d’Asie. Aussi je ne crois pas qu’aucun gouvernement européen, — réserve faite des desseins de l’Allemagne, — ait intérêt à généraliser cet enseignement.
Certes, l’autorité que nous exerçons au Congo n’est pas menacée de façon immédiate et directe par le risque arabe. Encore faut-il le prévoir. On en peut dire autant d’une obscure fermentation nationaliste dont le mouvement kibangiste a été une