Page:Carton de Wiart - Mes vacances au Congo, 1923.djvu/144

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tés industrielles et minières, étaient de plus en plus attentives à ce devoir de vigilance nationale, notamment dans le recrutement de leur personnel. Et rien ne les y aidera mieux, chacun le comprend aisément, que l’établissement de communications directes entre les sources du fleuve et son embouchure par le railway du B. C. K. depuis si longtemps attendu.

On devine aussi les répercussions que peut avoir, à ce point de vue, le règlement de la question des langues enseignées au Congo, — question qui demeure livrée à la fantaisie de chacun. En prenant son arrêté du 20 décembre 1920 par lequel il a rendu l’enseignement du français obligatoire dans toutes les écoles de l’Afrique équatoriale française et interdit, sous peine de fermeture, l’emploi de toute autre langue, M. Augagneur, gouverneur général de l’ancien Congo français, s’est inspiré d’une règle suivie dans la plupart des colonies africaines. Le gouvernement de l’Angola n’agit pas autrement en ce qui concerne la langue portugaise. Or, au Congo belge, les missionnaires qui développent, autour de leurs centres d’évangélisation, la connaissance et l’usage de la langue anglaise, sont de plus en plus nombreux. C’est le cas de la plupart des missions protestantes. Lyautey, dont personne ne contestera le génie colonisateur, a pu écrire, dans ses admirables « Lettres du Tonkin et de Madagascar » : « C’est un fait. De par le monde, qui dit protestant, dit Anglais. » Je concède volontiers qu’il y ait, dans un tel aphorisme, une part d’exagération. Surtout, je ne voudrais pas qu’on se méprît sur ma pensée et qu’on y cherchât quelque injustice à l’égard des sociétés protestantes établies dans notre colonie. J’ai vu personnellement, dans plusieurs de leurs missions, no-