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ges dans l’œuvre, à peine entamée, de l’exploitation de notre empire, les Portugais et les Anglo-Saxons sont les plus nombreux. Accueillants aux étrangers, non seulement parce que tel est le tempérament belge, mais aussi parce que le concours d’autrui peut contribuer très utilement à la prospérité de notre domaine, il importe toutefois que nous soyons maîtres et seuls maîtres chez nous. Pas plus que nos amis et voisins d’Afrique, dont les colonies sont, elles aussi, comprises dans « le bassin conventionnel du Congo », nous ne devons pousser le scrupule dans le respect pour l’Acte de Berlin jusqu’à laisser jamais entreprendre directement ou indirectement sur nos droits de souveraineté. La meilleure façon d’éviter tout mécompte à cet égard consiste à envisager franchement les circonstances ou les causes d’où pourrait naître l’éventualité d’un malentendu.

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Un soupçon d’inquiétude, — pourquoi nous en cacher, — a été éveillé naguère en Belgique par l’écho de certaines paroles dites ou de certains écrits publiés dans l’Afrique du Sud. Tradition des grands « Treks » boers, souvenir des raids d’un Jameson, politique impérialiste d’un Cecil Rhodes toujours aimantée vers le Nord, afflux en nombre grossissant de Transvaaliens et de Rhodésiens dans le Katanga et jusque dans notre Nord-Est, monopole de fait assuré au railway rhodésien pour l’évacuation de nos richesses minérales, autant d’invitations à être prudents et à éviter toute méconnaissance de nos droits et intérêts légitimes. Il m’a paru, et je l’ai déjà noté dans ces impressions au jour le jour, que non seulement nos autorités coloniales, mais aussi nos socié-